Aller à l’autre bout du monde pour vendre ses vins est une étape qui fait toujours rêver, proposer son savoir-faire et le confronter à d’autres cultures est un élément essentiel dans la construction d’un projet tel que Jalan.
Un salon tel que Vinexpo Hong Kong démarre évidemment quelques mois avant l’ouverture. Pour commencer, il faut s’inscrire soit directement auprès des organisateurs, soit via un syndicat professionnel tel qu’Inter Rhône : l’organisme en charge de la promotion des vins du Rhône. Il faut choisir la taille du stand (6m2 pour nous), remplir des tonnes de formulaires pour donner son pédigré, savoir si on veut de la glace ou des frigos, une affiche, un logo…une somme immense de détails ennuyeux mais nécessaires si on veut que ça se passe bien et si on veut se présenter sous son meilleur jour.
Vient ensuite le choix cornélien des échantillons car c’est l’essence de l’opération, on va traverser la moitié du monde pour montrer notre savoir-faire, il ne faudrait pas se tromper ou en oublier. Lorsqu’on parle de Jalan, c’est simple, il y a six cuvées donc on emmène tout (dans la valise s’il faut !). En revanche pour la Maison Lavau avec qui on partage le stand, il y a plus de 40 cuvées, le choix devient tout de suite plus complexe. Il faut regarder quel client doit venir, savoir quels vins il importe et donc prendre les nouveaux millésimes à lui faire déguster. Il faut aussi décider quels sont les pays que l’on vise et apporter les vins essentiels de la gamme à présenter. Enfin, il faut aussi prévoir les vins qui ne sont pas encore distribués sur la zone et pour lesquels ce serait bien de trouver un importateur. Tout cela à compresser dans le choix de 24 cuvées qui est à la fois la limite offerte dans la prestation liée au stand et la limite que peut raisonnablement contenir un stand de 6 m2 ou il y a déjà une table, 2 chaises, un bar, un présentoir, Anna et Benoit…c’est déjà un peu surchargé comme endroit !
Avant de partir, il faut aussi « préparer » le salon à savoir envoyer des emails à tous les clients pour prendre des rendez-vous mais aussi trier toutes les listes de prospects rencontrés par le passé et leur dire « coucou, on est là ! on a des trucs sympas qui vont vraiment vous intéresser ! on prend rendez-vous ? ». On en envoie 100, 500, 1000…taux de retour généralement 2%, c’est un peu déprimant mais ça fait partie du jeu.
Les échantillons sont arrivés, les rendez-vous sont pris, c’est l’heure du départ ! Dimanche 17h30, petit vol de trois heures depuis Marseille pour relier Istanbul, le billet le plus intéressant était offert par Turkish Airways, puis après deux heures d’attente, à 23h30, décollage pour Hong Kong, un vol de 12 heures qui nous fera atterrir à 17h30 décalage horaire inclus. C’est généralement dans ce vol que se pose une question cruciale : faut dormir ou pas ? Combien d’heures ? Si on dort dix heures le vol passe vite mais alors c’est un peu comme si on se levait de sa nuit à 17h30, ça va être une sacrée java la nuit qui vient car impossible de dormir. Perso, j’essaie de dormir 5h juste après l’énigmatique plateau repas et je mets un réveil comme ça je suis éveillé les 5 dernières heures de vols, c’est un peu comme si je me levais à midi, un bonne grasse mat d’adolescent.
Aéroport, douanes (très efficaces), train express, taxi et enfin arrivés à l’hôtel, le temps de sauter dans la douche et on part diner. Le lendemain il faut se lever à 7 heures (1 heure du matin en France, aïe !) car le salon ouvre au public à 9 :30 et qu’il faut y être un peu avant pour s’installer, ranger les vins, faire joli le stand, ouvrir les échantillons et les déguster (les vins rouges au petit dej c’est toujours un moment exquis).
Une journée de salon c’est un peu tout le temps la même chose. On commence donc à 9h30 pour finir à 18h et entre les deux, on discute avec des clients, on attend, on papote avec les voisins du marché des vins ou de la récolte passée, nouveau rendez-vous, on va déguster chez un autre producteur, encore des rendez-vous pour faire déguster nos vins, oh un prospect inconnu qui s’arrête au stand, on attend, on explique, on détaille, on raconte des histoires de vins et d’ailleurs, on voit des potes de l’export et, sans s’en rendre compte, la journée est passée en un clin d’œil. Ce sera donc ainsi pendant trois jours, avec des espoirs, de belles rencontres, de nouveaux contacts, de vieilles connaissances et beaucoup, beaucoup d’échanges.
Quand nous avons des creux avec Anna, on bosse sur Jalan dont le lancement officiel est prévu pour mi-juin et il reste encore beaucoup à faire, donc pas une minute à perdre. C’est intense !
A ce Vinexpo là, il aura fallu ajouter, me concernant, des interviews avec la presse de Hong Kong pour promouvoir les vins de la Vallée du Rhône dans leur ensemble. Nous aurons également participé à un très beau repas organisé par Inter Rhône pour présenter une vingtaine de domaines représentant la diversité de la Vallée du Rhône à une centaine d’importateurs et autres influenceurs de la zone.
Hong Kong ne serait pas Hong Kong sans sa scène culinaire et son monde de la nuit. On profite donc d’un superbe repas français à Nissa La Bella, le restaurant d’Olivier, l’importateur de la Maison Lavau à Hong Kong. Un autre soir, nous sommes invités à un diner chinois au Cricket Club par des afficionados de la Maison Lavau à qui on présente notre nouvelle marque Jalan. Pour les autres repas c’est Steakhouse argentin et Din Tai Fung pour les dumplings (raviolis chinois à tomber par terre !). Il faudrait passer un mois pour apprécier la diversité des propositions gastronomiques de cette île-cité. Et puis, il ne faut pas oublier, les rooftops pour boire un verre avec vue, les bars avec des groupes de rocks philippins qui sont, j’en suis persuadé, nés avec des instruments dans les mains. Au milieu de tout cela il y a évidemment les copains de l’export, les commentaires sur la journée au salon et sur tout ce dont on peut discuter autour d’un verre après une longue journée de travail.
Vendredi est déjà là et le vol retour vers la France s’approche, il sera temps ensuite de remercier les clients, de relancer les prospects, de tirer les enseignements de ces trois jours sur le marché du vin global, et de réaliser ce qu’on a fait bien et ce sur quoi il faut qu’on s’améliore la prochaine fois.
Les salons se ressemblent un peu tous, qu’ils soient en France ou à l’autre bout du monde mais une chose ressort toujours, on en sort tellement enrichis de ces échanges, de ces partages, de toutes ces cultures et de ces tranches de vies.
Bref, une autre semaine normale pour Jalan !